Si nous ne faisons rien, nous n'aurons plus un poisson d'ici 30 ans! (Stephan Beaucher)

Note relative à la pêche maritime de loisirs et sa gestion

 

C'est sous ce titre que l'Ifremer présente une note(1) sortie il y a quelques semaines qui fait un constat de l'état des connaissances de notre pêche et fait des propositions aux pouvoirs publics pour son encadrement. Vous trouverez l'étude compléte sur un lien en bas de cet article

Sur le constat l'Ifremer fait référence aux diverses études sorties depuis 2003 et qui montrent, pour le moins, des divergences en particulier la dernière étude sur le bar en 2010/2011 a été faite sur 121 pêcheurs seulement. Ceux qui s'y connaissent un peu en statistiques et études vont s'arracher les cheveux car en principe il faudrait au moins 1000 personnes pour avoir quelques certitudes, mais bon on ne va pas toujours tout contester et il faut bien des bases de références, on peut toutefois regretter que jamais, à ma connaissance, les fédérations signataires de la charte n'aient été associées à ces enquêtes, on ne peut pas dire que Ifremer est la championne de la concertation.

Le bilan est donc donné ainsi: (pour info tous les textes en italique sont des copier coller de la note)

"Pour bien des espèces, les prélèvements de loisir sont loin d’être négligeables par rapport aux prélèvements professionnels (certains sont même supérieurs). Ceci renforce la nécessité de pouvoir prendre en compte les prélèvements dans leur globalité (professionnels ou de loisir), dès lors qu’il s’agit de ressources exploitées par ces deux catégories et pour lesquelles des plans de gestion doivent être initiés"

Sur le constat que les prélévements des récréatifs sont loin d'être négligeables et qu'il faille les prendre en compte je suis d'accord, le problème étant que les chiffres des prélévements amateurs sont loin d'être fiables comme vu plus haut et comme la note le reconnait ainsi:

"En l’absence d’évaluations quantitatives précises de ces ressources, un « état de santé » des stocks peut être obtenu par une analyse de l’évolution d’indices d’abondance issus de campagnes scientifiques, lorsqu’ils existent, ou des rendements de pêche. Le CIEM dispose de ce type d’information pour la plupart des stocks communautaires"

Quand on voit que les avis des scientifiques ne sont pas complétement pris en compte par le conseil des ministres des pêches européen pour les pros, voir la mise en place des derniers quotas européens qui viennent d'être adoptés, on peut légitimement se poser des questions. Par exemple le CIEM a publié en septembre 2012 une note préconisant de diminuer de 20% la totalité de prises de bars au niveau européen.

Lors de la dernière réunion des ministres pour les quotas il semblerait qu'on n'en ait pas parlé. Ca va peut être venir, on ne peut que le souhaiter vivement. 

Il est également précisé dans la note:

"Pour la plupart des espèces concernées par la pêche de loisir, il est indispensable d’améliorer les connaissances scientifiques sur la biologie, l’identité des stocks…, mais également sur les prélèvements qui sont effectués. Un suivi des prélèvements, soit à travers un panel représentatif, soit par la généralisation d’un système déclaratif de type carnet de pêche, constitue donc une nécessité"

Les pêcheurs responsables ne peuvent qu'être d'accord avec ça mais se posent la question de savoir pourquoi ça n'a pas encore été fait et comment faire des propositions sérieuses avec des données imprécises.

Les mesures d’encadrement ou de gestion envisageables pour la pêche de loisir

Actuellement la limite de pêche est imprécise, et c'est un euphémisme, car les pêcheurs récréatifs ne doivent pas prélever plus que la notion de "consommation familiale" Qu'est ce que ça veut dire? personne ne le sait et c'est bien dommage, car ça permet toutes les dérives et empêchent de verbaliser ceux qui exagèrent, les contrôleurs déja peu nombreux, étant démunis sans plus de précisions réglementaires ce qui ne les incite pas à effectuer plus de contrôles.

Parmi les propositions de l'Ifremer (Je rappelle que ce ne sont pour l'instant que des propostions) on peut trouver:

La mise en place de permis ou licences comme en rivière

Je l'ai toujours dit je suis totalement contre un permis de pêche en mer qui ne servira à rien on le voit bien en rivière ou ce sacré permis est en fait une taxe pour les caisses de l'état et sert à faire fonctionner une fédération aux effectifs pléthoriques dont on peut demander à quoi elle sert à part faire des tonnes de lachers de poissons d'élevage (ainsi que l'avait révélé il y a quelques années un rapport du sénat). Ca aide bien les pisiculteurs mais normalement c'est pas le but

La limitation de l'effort de pêche

Cela passe par une modification du nombre ou de la taille des engins. Personnellement, même si je sais que ça va en faire bondir beaucoup, je serai pour l'interdiction des filets pour les plaisanciers. Nous ne pêchons pas pour nous nourrir et le filet n'est pas un engin séléctif.

Dans cette optique l'Ifremer évoque "Dans le cadre de la pêche de loisir, une limitation de la « course à l’armement » pourrait être envisagée en amont d’une éventuelle limitation des prélèvements" Pour moi ça veut dire une limitation de la puissance de nos sondeurs et autres GPS, voir de la puissance des moteurs. Je n'en vois pas l'intéret si des quotas existent. 

Il est également évoquer "s’agissant de pêche de loisir se voulant éco-responsable, il pourrait être envisagé que les engins les plus  sélectifs, ou les moins impactants pour les fonds et les écosystèmes ou encore ceux qui permettent une capture d’individus vivants susceptibles d’être relâchés (quand ils sont sous-taille, ou quand le quota est atteint) dans les meilleures conditions possibles, soient préconisés (ou les autres interdits/réglementés)" 

J'ai peut être l'esprit tordu mais pour moi ça voudrait dire que certains types de pêche pourrait être interdits, par exemple la pêche aux jigs et leurres par grand fond ou autres pourquoi pas. C'est vrai que des poissons, bars, lieux, maigres pris par trente ou quarante mêtres de fond et remonter trop vite auront peu de chances de repartir vivant mais là encore comment contrôler?

La mise en place de quotas globaux ou individuels

Je ne suis pas contre, bien au contraire la difficulté étant, toujours par manque de connaissances, de les déterminer. Quotas journaliers? quotas annuels? Qui est le plus dangereux pour la ressource un pêcheur habitant au bord de mer et sortant 100 jours par an (et qui donc sait bien pêcher) en gardant deux poissons par jour (en admettant que ça soit un quota journalier de deux poissons) ça peut donc faire 200 poissons/an ou le "touriste" venant passer huit ou quinze jours en vacances et qui exceptionnellement une journée, après pas mal de bredouilles (en principe ce ne sont pas des champions) va prendre un jour 10 ou 15 poissons par chance. Je reconnais que la solution miracle n'est pas facile à trouver et nécessitera beaucoup de concertations et de prudence

Des fermetures spatio temporelles sur les concentrations de poissons ou les nourriceries

Il peut s'agir de fermetures toutes zones pour certaines espèces,de fermetures pendant la période de frai, de créations de zones de pêches interdites. Je ne suis pas contre ces mesures mais à condition qu'elles soient aussi appliquer aux professionnels

Augmentation des tailles minima des prises

La non plus pourquoi pas, mais quand on voit le "cirque" pour être poli, posé par l'arrêté du 26 octobre avec ses erreurs et qui aujourd'hui 23 décembre n'est toujours pas rectifié malgré les promesses faites aux fédérations je m'inquiète beaucoup. Les dernières tailles proposées dans ce dernier texte vont dans le bon sens en respectant à peu près des tailles biologiques, excépté pour le maigre, mais là encore pourquoi ne les faire appliquer que par les récréatifs. Qu'il soit pris par un récréatif ou par un professionnel un poisson se reproduit à la même taille. On me répond à chaque fois que pour les pros c'est L'Europe qui décide. Ce n'est pas faux mais pourquoi notre ministre ne prend pas l'initiative de présenter un texte en ce sens? C'est vrai que vu ses positions dans le cadre de la future politique commune des pêches en cours de discussions il ne faut pas se faire trop d'illusions.

La saisie des données d'activité et de prélévement.

Là, amis pêcheurs je pense qu'il faut être pour. En effet on ne peut pas d'un côté réclamer des chiffres fiables en reprochant à l'Ifremer ses approximations et refuser de fournir des données ce que font beaucoup de pêcheurs. Mais savez vous que les professionnels doivent fournir toutes leurs données de pêche que ça soit des gros bateaux ou des moins de 12 mêtres. Donc ça serait une bonne mesure car il faut être logique.

Cette note se termine par cette phrase: "Mieux connaître l’activité de pêche de loisir et contribuer à rendre l’exploitation des ressources communes plus durable, plus éco-responsable, constituent donc un véritable enjeu"

On ne peut qu'être d'accord avec cette conclusion mais il nous faudra être vigilant et responsable pour que des mesures soient prises pour garantir l'équité entre professionnels et récréatifs. Même si on ne pêche pas pour gagner notre vie la protection de la ressource concerne tout le monde et il serait pas admissible qu'il y ait des distorsions sur les interdictions, la pêche sur les frayères ou les tailles minima.

J'ose espérer que des discussions auront lieu avec les fédérations, bien que je ne sois pas complétement convaincu que toutes accepteront de discuter sur certaines mesures, car ces décisions, si on veut qu'elles soient comprises et respectées par la majorité des pêcheurs, nécessiteront des explications claires et une grosse force de persuasion.

Pour éviter toutes ambiguités ces propos n'engagent que moi et en aucun cas les diverses associations auxquelles j'appartiens

Vous pouvez discuter de cette note sur notre forum

La note officielle

 

(1) Le Goff Ronan, Morizur Yvon, Levrel Harold, Biseau Alain, Veron Gerard, Drogou Mickael, Laurans Martial, Merrien Claude, Morandeau Gilles, Caill-Milly Nathalie (2012). Note relative à la pêche maritime de loisir et à sa gestion. DPMA-DEB, Ref. RBE/EDERU, 10p. http://archimer.ifremer.fr/doc/00111/22177/

 

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