Si nous ne faisons rien, nous n'aurons plus un poisson d'ici 30 ans! (Stephan Beaucher)

Des récifs artificiels pour abriter les poissons perturbés par les éoliennes

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il y a 10 ans 8 mois #16171 par Janus45
Vu sur Le Monde.fr : www.lemonde.fr/planete/article/2013/06/2...es_3433816_3244.html


Récupérer les coquilles vides de la conchyliculture, les utiliser pour fabriquer des récifs artificiels qui abriteront les poissons... perturbés par l'impact de l'implantation d'éoliennes : d'ici à 2015, dans la baie de Seine (Manche), l'idée doit se concrétiser. Le projet, baptisé Recif et porté par l'Ecole supérieure d'ingénieurs en travaux de la construction (Esitc), vient d'obtenir l'aval et le financement de l'Union européenne. L'implantation d'une centaine d'éoliennes, annoncée à l'horizon 2015, sera donc précédée de la mise à l'eau d'autant de mètres cubes de conglomérats de coquillages, "zones refuges" pour les espèces dérangées.

Le projet est d'abord né d'une volonté de recycler. En France, entre 200 000 à 250 000 tonnes de coquilles vides, provenant des producteurs d'huîtres, palourdes et autres saint-jacques, finissent en déchetterie chaque année. Déjà habituée à transformer ces déchets naturels en granulats pour le bâtiment, l'Ecole supérieure d'ingénieurs en travaux de la construction (Esitc) de Caen a vu dans la fabrication de récifs artificiels – qui requière des matériaux neutres pour l'environnement – un nouveau type de valorisation. "On remet à la mer ce qui vient de la mer", fait remarquer Mohammed Boutouil, son directeur de recherche.

AUGMENTER LES RESSOURCES POUR LA PÊCHE

En France, le processus est inédit. Le premier récif artificiel a bien été mis à l'eau dès 1968, mais il était en béton et c'était en Méditerranée. Aujourd'hui, la baie du Prado près de Marseille compte 400 habitats artificiels. " Ici, leur efficacité a été démontrée, précise Elodie Rouanet, ingénieur au GIS Posidonie, groupement scientifique en biologie marine. Le nombre, la qualité et la taille des poissons augmentent d'année en année."

Dans la Manche, l'efficacité du système reste à prouver. Dans un premier temps, les chercheurs du projet Recif vont donc effectuer des tests en milieu semi-artificiels pour déterminer quel type de structure favorise quelle espèce. " Car l'objectif, ce n'est pas d'attirer des animaux vivant ailleurs, mais de permettre aux populations, d'algues comme de poissons, de croître ", souligne Pascal Claquin, professeur à l'université de Caen.

"ON POURRA CERTAINEMENT RECRÉER UN ÉQUILIBRE NATUREL"

Si le processus fonctionne, cette implantation pourrait donc augmenter les ressources de pêche "et potentiellement compenser l'impact négatif des énergies marines", poursuit M. Claquin. Pourtant les éoliennes elles-mêmes, de même que les épaves, jouent le rôle de récifs artificiels. Le long des côtes allemandes, des homards menacés ont même élu domicile à leurs pieds. "Mais c'est la construction, par le bruit et les déplacements de sédiments qu'elle entraîne, qui perturbe les écosystèmes", précise le chercheur.

Or la loi impose que tout projet portant atteinte à un milieu naturel sensible soit accompagné de mesures de compensation. Les énergies marines renouvelables (EMR), ne font pas exception. Pour les porteurs du projet Recif, si l'impact positif est démontré, les récifs artificiels seraient la solution toute trouvée. M. Claquin pourtant reste prudent : "On pourra certainement recréer un équilibre naturel, mais ce ne sera jamais le même que celui qui précédait l'intervention humaine."

Amélie Mougey

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