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La conférence de presse de M. Alain Cadec
sur l'échec du volet financier de la PCP
Constat d'échec des négociations du trilogue sur le volet financier de la nouvelle politique commune des pêches. Qui a tort qui a raison, je ne sais pas. Mais une chose est sure les divergences de vues entre la commission et le rapporteur de la qommission pêche s'étalent aux grand jour.
Maintenant attendons la réponse de la commission et de Mme Damanaki
Interpellez vos eurodéputés
Le 23 octobre, le Parlement Européen votera le budget pour la nouvelle Politique Commune de la Pêche.
Interpellez vos eurodéputés afin qu’ils garantissent une pêche durable !
La Politique Commune de la Pêche (PCP) règlemente la pêche professionnelle au niveau européen. Elle est révisée seulement tous les 10 ans, et au vu de l’état actuel très dégradé des ressources halieutiques, l’enjeu de la réforme en cours est gigantesque.
Jusqu’en 2002, les décisions pour la PCP étaient prises entre la Commission européenne et le Conseil des Ministres de la Pêche. Depuis le traité de Lisbonne, cette politique est gérée en codécision, c’est-à-dire que les eurodéputés au Parlement européen ont leur mot à dire. Le processus devient donc plus démocratique.
Le processus d’élaboration et de débat autour de la PCP touche à sa fin. Le 23 octobre 2013 aura lieu le dernier vote important au Parlement européen dans une session plénière sur la répartition des budgets de cette politique (FEAMP : Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche).
L’argent reste toujours le nerf de la guerre, et il est plus que jamais nécessaire de se mobiliser pour s’assurer que les aides publiques (notre argent) soient employées de manière à servir l’intérêt général et à alléger les impacts sociaux de la transition (parfois déjà amorcée) vers une pêche durable. Le Collectif Bar Européen avec d'autres associations françaises comme SOS Grand bleu, Bloom et la LPO et plus de 180 autres associations Européennes travaille au sein de la coalition OCEAN2012 pour que la PCP entérine le principe de durabilité environnementale (respect des limites biologiques des populations de poissons permettant le bon fonctionnement des chaînes alimentaires marines), sans lequel il est impossible de parvenir à une durabilité économique et sociale. La prochaine PCP doit permettre d’adapter véritablement la capacité de pêche aux ressources disponibles et d’autoriser ainsi une pêche durable.
N’oubliez pas que les ressources de la mer représentent un patrimoine naturel commun et que chaque citoyen a son mot à dire !
Agissez auprès des eurodéputés : Liste des Députés européens
en envoyant la lettre suivante : Lettre députés européens
accompagnée du document suivant : Complément d’information FEAMP
On compte sur votre mobilisation car la date du vote, le 23 octobre, approche à grands pas !
Document très intéressant montrant combien de fois nous payons notre poisson ! : Subventions à la pêche
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Réforme de la PCP : de l’enlisement à l’agitation tous azimuts
Après un processus interminable qui a commencé, rappelons-le, en avril 2009 (bientôt un quinquennat) on vit depuis fin avril une accélération déraisonnable qui faire craindre à certains le bâclé. Nous en étions restés aux deux votes du Parlement Européen. Celui du 18 décembre 2012 par la commission Pêche, qui ne comporte que 25 eurodéputés majoritairement pro pêche, avait cependant réservé quelques surprises intéressantes. La session du 6 février en plénière (plus de 530 députés) avait repris la balle au bond, en accentuant les avancées consenties 2 mois plus tôt. L’interdiction des rejets et l’obligation de débarquer toutes les captures, un objectif de trois ans pour enrayer l’effritement perpétuel des stocks voire l’effondrement de certains d’entre eux, tout y était ou presque. À noter toutefois et une fois de plus, la fameuse « exception française » : L’ensemble de nos députés européens socialistes ont voté contre la réforme, c’est à dire contre l’avis de leur groupe et contre la rapporteuse, Madame Ulrike Rodust, députée socialiste allemande. Dans la foulée, cette dernière se voyait donc accorder un mandat de négociation confortable puisque s’appuyant sur la majorité de 75% qui s’était dégagé du vote en plénière. On pouvait donc entamer la phase de négociations avec le Conseil, instance qui regroupe les 27 ministres en charge de la pêche. Traditionnellement la crainte de l’agitation sociale (blocage des ports, déversement de poisson devant la préfecture et autres joyeusetés) y est plus forte qu’au Parlement, au point même de paralyser souvent toute velléité de changement. Or du changement nous en avons tous besoin, y compris le secteur de la pêche qui ne fait que surnager depuis une décennie au moins, sans autre perspective que celle de rester dans le paysage l’année d’après.
En vertu du Traité de Lisbonne qui s’applique ici pour la première fois au secteur de la pêche, la phase de trilogue (négociations entre la Commission, le Conseil et le Parlement) pouvait donc commencer avec :
• Une Maria Damanaki (Commission européenne) finalement pas mécontente du tout de ce qui était sorti des travaux du Parlement même si les quotas individuels transférables avaient été passés à la trappe.
• Une Ulrike Rodust gonflée à bloc, forte du soutien du Parlement et confiante dans la capacité de négociation dont elle avait fait preuve auprès de tous les groupes politiques.
• Un conseil sous présidence irlandaise incarné par M. Coveney, ministre de l’agriculture, un homme doté d’un grand sens politique qui lui a valu la confiance suffisante de la part de gouvernements aussi éloignés sur les questions de pêche que l’Espagne et la Finlande ou encore Chypre et la Hollande.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que, si le mandat de Mme Rodust lui était tombé « tout seul » dans la liesse générale, celui de M. Coveney a fait l’objet de violents affrontements (verbaux), d’âpres négociations et de marchandages aussi peu glorieux qu’inhérents à ce type d’exercice. Pour schématiser, l’enjeu du rapport de force était le suivant :
• D’un côté les tenants du « la pêche c’est une affaire de pros » qui vilipendent le Parlement Européen, l’accusant de toutes les traîtrises et notamment d’avoir été manipulé par les ONGs environnementales.
• De l’autre les réalistes (notamment dans la partie anglo-saxonne de l’UE) qui constatent que cette époque est révolue, que le poisson est un bien commun qui appartient à tous et qu’en conséquence la société civile et les ONGs sont légitimes à intervenir dans le débat.
On retrouvera ce clivage entre conservatisme corporatiste et ouverture d’esprit tout au long de l’élaboration du mandat de négociation de M. Coveney.
• Sur le Rendement Maximal Durable. Pour simplifier ce « gros mot » qui en fait recouvre des réalités relativement simples, il s’agit de savoir si on va marcher en permanence sur la bordure du trottoir et trébucher à intervalles réguliers ou si on va confortablement s’installer au milieu du trottoir avec une marge de sécurité qui évitera les entorses.
• Sur celle de l’interdiction des rejets entre ceux qui répètent en boucle « pas de pêche sans rejets, ça a toujours été comme ça » et ceux qui dénoncent cette pratique comme inacceptable et prônent la réduction drastique de ce gaspillage en faisant appel à la réglementation, certes, mais aussi et surtout à l’imagination et la créativité autant en matière technique qu’en termes de gestion de la présence en mer.
• La question de la surcapacité s’inscrivait également dans ces deux lectures antagonistes, entre « la surcapacité, c’est de l’histoire ancienne » et « la capacité globale de l’UE reste structurellement excédentaire par rapport aux possibilités de capture, et tant que nous n’aurons pas réduit cet écart, nous serons en surpêche ».
La première phase du trilogue ne débouchait sur rien de concret ; on peut parler de round d’observation et chacun des négociateurs campait sur ses positions et surtout sur ces « lignes rouges », les limites qu’il n’entend pas dépasser. Puis, en quelques jours, fin avril, tout s’accélérait : la Lituanie, qui assurera pour six mois la présidence à partir du 1er juillet, annonçait officiellement qu’elle ne disposait pas des ressources humaines et politiques pour gérer l’aboutissement de la réforme. M. Coveney sautait sur l’occasion pour dire que les choses avaient suffisamment duré et qu’à partir du 1er juin il allait se consacrer à la réforme de la PAC et que si celle de la PCP n’était pas terminée, il renverrait le dossier en seconde lecture au Parlement. Rien que ça ! En tous cas le « coup de gueule » a porté : La perspective de voir la PCP mise en œuvre après le 1er janvier prochain, avec rappelons-le un an de retard, calmait instantanément les esprits.
Les 14 et 15 mai, le Conseil se réunissait pour redéfinir le mandat de M. Coveney pour la seconde phase de trilogue. Et là le réalisme l’a emporté : le principe d’objectifs basés sur la biomasse et non plus simplement sur la mortalité par pêche était adopté alors qu’il n’en était pas question une quinzaine de jours auparavant. Même chose pour les rejets avec une interdiction assortie de l’obligation de débarquement. Une tolérance dégressive sur 4 ans est prévue : 7% du tonnage les deux premières années, 6% les deux suivantes et 5% par la suite alors que certains Etats (France, Belgique) demandaient une tolérance de 15% (autant dire que rien ou presque ne changeait).
La seconde phase des négociations s’ouvre donc sur des « pas en avant » de la part du Conseil et une lettre du Parlement énumérant les points sur lesquels il est prêt à bouger en échange de…
La pêche n’a pas échappé à sa tradition désormais quasi-institutionnelle : il a fallu attendre 3 h 30 du matin le Jeudi 30 mai pour voir des mines défaites proclamer « Habemus reformum ! »
On a évité le pire, notamment que le conservatisme des ministres des pêches lamine complètement le projet. Nous avons un catalogue étendu d’orientations positives mais il y manque souvent les outils de mise en œuvre. L’illustration typique de cette ambivalence se trouve dans la question épineuse du Rendement Maximal Durable:
• L’accord reconnaît que les mesures de biomasse doivent être prises en compte pour calculer les quotas mais ne précise pas quand elles devront l’être.
• Plus significatif, l’objectif de réduction des taux de mortalité par pêche reste fixé à 2015 mais il est assorti d’une clause dérogatoire relative aux impacts sociaux et économiques et non biologiques et environnementaux. Or le temps de la biologie n’est pas celui de la décision politique.
Quelques points positifs méritent d’être soulignés :
• L’introduction de critères environnementaux et sociaux dans l’attribution des droits de pêche devrait conforter l’avenir de la petite pêche côtière.
• La réduction significative des rejets en mer qui met fin à un gaspillage et des pratiques qui n’étaient plus acceptables si toutefois elles l’ont déjà été.
• Le renforcement de l’encadrement réglementaire de la grande pêche lointaine (Côtes africaines, Océan Indien).
• La mise en place d’une instance chargée d’évaluer la progression de la mise en application des nouvelles règles.
Toutefois, l’accord reste étrangement muet sur les détails et les mesures techniques et on sait bien que le diable se cache dans les détails. Il faudra rester donc extrêmement vigilant sur ce point : Quelles seront les modalités d’applications et quand seront-elles promulguées ?
En outre, il ne faut pas perdre de vue qu’au delà du volet réglementaire qui vient d’être bouclé, le volet financier en est au stade des prémices avec un vote en plénière au Parlement Européen qui devrait intervenir en septembre prochain qui lancera un nouveau processus de négociation à trois (Commission, Conseil des ministres et Parlement). Or, suivant les orientations de fond qui seront validées, la réforme basculera soit vers l’embellie pour les écosystèmes marins et pour les pêches européennes, soit vers l’accentuation du déclin et des dégâts irréversibles sur des écosystèmes marins déjà affaiblis.
Stéphan Beaucher, conseiller politique d’OCEAN2012 30 mai 2013
Conférence de Presse conseil des ministres 27 Février 2013
Suite au vote positif du parlement c'est le conseil des ministres des pêches qui a adopté l'interdiction des rejets avec peu de modification. On est sur la bonne voie. Cliquez sur la video pour la démarer
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Notre ami Stephan Beaucher, coordinateur politique de Océan 2012 et vice président du Collectif Bar Européen fait ci dessous un point des discussions sur la future nouvelle politique commune des pêches ou il est très actif.
Pêcheries européennes : le Parlement met un grand coup de pied dans la fourmilière mais le Conseil reste sourd
Après plus de trois années (la sortie du livre vert remonte (déjà !) à avril 2009) la réforme de la PCP (Politique Commune des Pêches) entre dans sa phase finale, celle de la décision politique et des votes.
Depuis près de trois décennies, la surpêche a fait son œuvre: les stocks sont sérieusement endommagés (62% des stocks atlantiques et 83% de ceux de Méditerranée sont en état de surexploitation) et mené à la ruine des pans entiers de la pêche européenne (la pêche française n’emploie plus que 13 000 personnes, soit 40% de moins qu’en 2000).
Les hasards du calendrier politique font que deux évènements majeurs intervenus les 18 et 19 décembre derniers vont vraisemblablement changer la donne.
Coup de tonnerre au Parlement
Mardi 18 décembre, la commission Pêche du Parlement Européen s’est prononcé sur cette réforme très attendue parce que nécessaire. En vertu du Traité de Lisbonne, les députés européens ont maintenant un rôle clé alors qu’auparavant la Commission était seule souveraine en matière de pêche. Lors du Sommet de la Terre de Johannesburg en 2002, les états-membre s’étaient engagé à restaurer les stocks en 2015 et il était temps de passer enfin de l’évocation aux actes. C’est chose faite. Avec 13 voix pour, 10 contre et 2 abstentions, les députés européens de la commission pêche ont inscrit la réforme sur la voie d’un changement radical de vision et de pratiques. Sur les enjeux majeurs, le Parlement a su faire preuve d’une audace qu’on lui a rarement connue.
- La surcapacité (différentiel entre la capacité technique de capture et les possibilités règlementaires de capture) devra être éliminée.
- Le rendement maximal durable (possibilité de prélèvement ne portant pas atteinte à la pérennité biologique des stocks) devra être atteint en 2015 et une marge de précaution devra être intégrée au plus tard en 2020.
- Les rejets en mer, un des thèmes les plus controversés lors des trois années de débat qui ont précédé ce vote, seront l’objet d’une interdiction graduelle entre 2015 et 2019.
Bien sûr, le chapitre des regrets n’est pas vide avec notamment le retoquage des unités de gestion territoriales qui auraient apporté une bonne dose de décentralisation dans la gestion opérationnelle des pêcheries.
La réplique d’Europêche, le lobby de la grande pêche ne s’est pas fait attendre :
"Ces propositions vont au delà des avis scientifiques" et privilégient une nouvelle fois les recommandations environnementalistes, au détriment des facteurs économiques et sociaux. »
Au Conseil des ministres RAS
Ce même jour, les ministres des pêches des états-membre dont le nôtre, Monsieur Frédéric Cuvillier en tête, entamaient le désormais rituel "marathon" pour fixer les quotas autorisés lors de la campagne de pêche 2013. Sur les dix dernières années, le cumul des autorisations de capture a dépassé de 40% les préconisations des scientifiques pourtant mandatés par la Commission Européenne pour émettre des avis.
Là encore, Europêche était à la manœuvre et faisait pression sur les ministres pour rejeter les recommandations de la Commission pour les captures de baudroie, cabillaud, merlu, aiglefin, sole et cardine. En jouant la carte de l’économie et de l’emploi (qui par parenthèses commence à être usée jusqu’à la corde tellement elle a été utilisée ces trente dernières années). "Les réductions des totaux admissibles de captures (TAC) pour de nombreux stocks affecteront à coup sur la viabilité des entreprises du secteur et conduiront à une réduction du nombre d'emplois dans toute la filière".
Après le vote du Parlement, on voyait mal comment le Conseil pouvait persévérer dans les dérives clientélistes et régaliennes d’un autre âge. Dans le même ordre d’idées, pouvaient-ils rester dans l’arrogance parfois mâtinée de dédain avec laquelle ils ont souvent traité le monde scientifique ? Allaient-ils rester sourds après le coup de semonce envoyé par le Parlement situé à un jet de pierre du lieu de leurs tractations opaques?
Eh bien ils ont fait comme si le Parlement n’avait pas voté le matin même ! Plusieurs TAC attribués dépassent fortement la recommandation scientifique :
- Merlu du nord (+21%)
- Baudroie (+49%) et églefin de mer Celtique (+49%)
- Langoustine du Golfe de Gascogne (+22%).
Bien souvent, il s’agit de stocks qui montrent de fragiles signes de reconstitution. Mais les pêcheurs auraient tort de se réjouir des mesures prises. Les quotas généreux d’aujourd’hui se retrouveront dès demain sous la forme de baisses ou de plan d’urgence.
De quoi l’année 2013 sera-t-elle faite ?
Derrière les décisions qui vont être prises ces prochains mois, c’est ni plus ni moins l’avenir des stocks européens et des stocks exotiques exploités par les flottes européennes et celui des communautés côtières qui en dépendent qui se profile. La gestion des pêches est avant tout et plus que jamais un exercice d’ingéniérie sociale qui se situe au cœur d’enjeux politiques plus larges. Nos décideurs doivent intégrer au plus vite cette dimension radicalement innovante par rapport à la gouvernance au rabais qu’ils ont toujours exercée et montrer qu’ils ont pris la réelle mesure de la responsabilité qui est la leur. Même si elle est plus que jamais délicate, la situation n’est pas pour autant sans issue. En effet, la surpêche résulte de choix politiques et elle n’est en aucun cas une fatalité. Là ou l’avis scientifique est respecté, la situation s’améliore comme l’a confirmé la Commission dans sa communication de juin dernier.
Dans une récente étude, la New Economics Foundation met en lumière ce que la surpêche fait perdre à nos économies européennes en terme de stocks, de revenus et d’emplois. Le bilan est implacable :
- Chaque année, nous “passons à côté” de 970 000 tonnes de morue et de 854 000 tonnes de harengs.
- La restauration de 43 stocks atlantiques génèrerait 3,2 milliards d’Euros de revenus et 100.000 emplois pérennes (dont 6 000 rien que pour la France).
- La valorisation pour les pêcheurs augmenterait tandis qu’à l’inverse, le prix payé par le consommateur baisserait.
Qui peut dire que nous les moyens de dédaigner une telle manne?
Bien sûr le vote de mardi ne constitue que la première pierre de la réforme et les orientations adoptées devront être confirmés lors d’une vote en plénière (754 députés) qui devrait intervenir en mars prochain puis lors des négociations avec la Commission et le Conseil. Toutefois, on voit mal ces deux institutions prendre la responsabilité de réveiller une querelle de légitimité entre le corps législatif (les élus) et l’exécutif (les fonctionnaires européens de la Commission). Si une telle hypothèse devait se confirmer, l’Union Européenne serait dans une crise politique majeure. Or elle a su, face à la crise, maintenir tant bien que mal le peu de cohésion politique qui est la sienne. On la voit mal "exploser" pour une "bête" question de pêche. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’en a pas les moyens…
Ce qu’il va falloir maintenant, c’est une bonne dose de courage politique, celui qui a manqué sur les 30 dernières années, celui dont l’absence a enfermé les décisions dans les intérêts de court terme. Les députés européens disposent de l’espace politique pour le faire car la bonne santé des océans est une idée qui fait son chenin dans les préoccupations de l’opinion publique. À eux de l’occuper ! S’ils ne le font pas, nous aurons tous perdu la partie…
Stephan Beaucher
Note du webmaster. Stephan est l'auteur du livre "Plus un poisson d'ici trente ans" que vous pouvez lire pour mieux comprendre les enjeux de la futre PCP Si vous ne trouvez pas chez votre libraire, vous pouvez le commander directement chez l'éditeur
Stephan à La Rochelle au mois de juillet lors de notre réunion contre la surpêche
Vote des quotas 2013
Le conseil des ministres européens a adopté après un long marathon les quotas 2013. Ci dessous la vidéo de la conférence de presse matinale. Pas satisfait à 100% mais ça va dans le bon sens
Vous pouvez lire le détail de ces quotas et en discuter sur notre forum
Vote de la commission Pêche
La Commission de la pêche du Parlement européen a demandé la mise en place de quotas durables d’ici 2015 et la fin des rejets, dans le cadre du vote de la réforme de la politique commune de la pêche. Les députés membre de la commission ont voté
"Il s’agit d’un extraordinaire cadeau de Noël pour les poissons et les pêcheurs," a twitté la rapporteur Ulrike Rodust après le vote
- Une obligation juridique de mettre fin à la surpêche. Les ministres de la pêche doivent mettre en place des quotas durables d’ici 2015 afin de ramener les stocks de poissons à des niveaux sains d’ici 2020 (au-dessus des niveaux permettant d’atteindre le rendement maximal durable (RMD) = Bmsy) d’ici 2020.
- L’établissement de plans de gestion à long terme par codécision pour chaque pêcherie.
- Une interdiction des rejets = obligation de débarquer et d’enregistrer toutes les prises des espèces capturées et réglementées, à mettre en place entre 2014 et 2017.
- Les navires de l’UE pêchant à l’extérieur des eaux communautaires doivent répondre aux mêmes exigences que les bateaux pêchant en Europe. Les accords de pêche avec les pays tiers ne doivent couvrir que les stocks halieutiques excédentaires.
- Le rejet des concessions de pêche transférables – quotas individuels transférables proposés par la Commission. Chaque État membre doit décider du mode d’allocation des possibilités de pêche.
- Les États membres doivent instaurer un réseau de zones marines protégées où aucune pêche ne peut avoir lieu (sans aucun détail sur la taille de ces régions).
- Le rejet du régime de gestion proposé par Ulrike Rodust pour la mer Méditerranée – un système de droits d’usage territoriaux des pêcheurs (DUTP).
- Les États membres doivent évaluer et soumettre des rapports concernant la capacité de leur flotte. Tout État membre ne réduisant pas la surcapacité ne recevra plus d’argent du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP).
Un certain temps pourrait s’avérer nécessaire avant que la version consolidée du rapport ne soit prête. La page web officielle du Parlement avec tous les documents est consultable ici : Observatoire législatif – Politique commune de la pêche
Ulrike Rodust a déclaré : « Nous avons surmonté un obstacle majeur et la session plénière du Parlement européen de février confirmera sans doute notre décision : cela pourra être un très bon atout pour négocier avec le Conseil et faire passer les réformes. »
Le vote en plénière doit avoir lieu en février ou en mars.
Mon point de vue:
Pour l'instant c'est une semi victoire car pour être appliquée cette réforme doit être adopté par la majorité des députés européens réunis en session à Strasbourg. Compte tenu que la majorité est courte, le lobbying des pêcheurs et de certains gouvernements qui sont contre ces mesures comme la France et l'Espagne va agir. A notér que selon la presse les députés Français Alain Cadec (UMP) et Isabelle Thomas (PS) ont voté contre, ce qui ne me surprend pas vraiment.
Les ONG dont océan2012 vont continuer le combat pour ça soit adoptée officiellement
Madame Ulrike Rodust auteur du rapport, merci à elle
Les rapports de l’ONU et de l’UE jugent les mesures prises à l’encontre de la surpêche et de la surcapacité insuffisantes
Deux rapports le confirment : oui, la surpêche continue dans le monde. Et oui, la flotte européenne est toujours en surcapacité.
ONU : la situation des pêches et de l'aquaculture dans le monde en 2012
La dernière publication phare de la FAO sur la situation des pêches et de l'aquaculture a été présentée le 9 juillet, lors de l'ouverture de la 30ème session du Comité des pêches de la FAO.
Selon les dernières statistiques disponibles, près de 30 % des stocks halieutiques sont surexploités, affichant une légère baisse par rapport aux deux dernières années, environ 57 % sont pleinement exploités (c'est-à-dire exploités à un rendement optimal durable ou à un niveau proche) et seulement 13% environ ne sont pas entièrement exploités.
Selon ce rapport : "La surexploitation des stocks a non seulement des conséquences écologiques défavorables, mais entraîne aussi une baisse de la production halieutique qui n'est pas sans incidences sur les plans économique et social. Pour accroître la contribution des pêches marines à la sécurité alimentaire, aux économies nationales et au bien-être des populations côtières, il convient de mettre en place des plans de gestion efficaces afin de reconstituer les stocks surexploités ».
Télécharger le rapport : La situation mondiale des pêcheries et de l'aquaculture (SOFIA) en 2012
Télécharger le rapport rapport sur les efforts consentis par les États membres pour réduire la surcapacité
Articles associés :
Réunion débat sur la surpêche Ocean2012 CBE
Aquarium La Rochelle
Grand succès de la manifestation d’OCEAN2012 et du Collectif Bar Européen autour de la surpêche du Mardi 17 juillet 2012 à l’Aquarium La Rochelle
Dans le cadre des Semaines européennes de la pêche organisées dans toute l’Europe du 8 juin au 31 août 2012, OCEAN2012 et le Collectif Bar Européen ont organisé à l’Aquarium La Rochelle une matinée de sensibilisation autour de la surpêche. Les océans et la pêche sont en crise, et particulièrement en Europe.
Communiqué du Collectif Bar Européen
Aujourd'hui, 8 juin 2012, Journée mondiale des océans, le Collectif Bar Européen membre de la coalition OCEAN2012, est heureux de prendre part aux Semaines européennes de la pêche. Durant tout l'été à partir de ce jour, les citoyens à travers toute l'Europe organiseront des événements publics dans les Etats membres de l'UE pour sensibiliser aux problèmes de la surpêche et en appeler à la responsabilité des décideurs politiques pour qu'ils y mettent un terme.
Bien que la situation s'améliore lentement, de nombreuses populations de poissons de l'UE sont encore surexploités, avec 19 pour cent des stocks évalués en grand risque, au dessous des limites biologiques. Cela a un impact dévastateur tant sur le milieu marin que sur les résultats de la pêche des membres de la communauté européenne.
Le but des «Semaines européennes de la pêche» est d'expliquer pourquoi nous devons mettre fin à la surpêche, ou sinon la pêche n’existera plus", a déclaré André Dechêne, président du Collectif Bar Européen, membre d'OCEAN2012. «Nos dirigeants ont la responsabilité de lutter contre la surpêche, et les citoyens ont la responsabilité de les encourager et de les aider à prendre les bonnes décisions."
Selon des données récemment publiées:
• Pour les 30 dernières années, les quotas de pêche annuels ont été d'un tiers supérieur à ceux recommandés comme sûrs par tous les scientifiques de l’Union Européenne.
• La valeur de reconstitution des stocks de poissons à des niveaux sains pourrait rapporter une valeur de € 3,2 milliards par an à l'UE.
• les derniers chiffres de la Commission européenne indiquent qu'il y a moins de surpêche sur les stocks de poissons évalués de l'UE, mais qu’il y a aussi de moins en moins d'actions sur les stocks qui peuvent être évalués de manière fiable.
"Nous sommes encouragés par les nombreuses activités prévues pour les semaines européennes de la pêche, ce qui démontre la volonté croissante des citoyens européens de voir mettre un terme à la surpêche", a déclaré Uta Bellion, directrice du Programme marin européen du Pew Environment Group et coordinatrice d'OCEAN2012.
André Dechene Président Collectif Bar Européen